J’ai passé de nombreuses années à me dire que le monde tournait mal, qu’il fallait le transformer, le guérir. Il fallait que les gens pensent comme moi, que j’arrive à leur faire entendre raison. J’étais en colère contre ceux qui profitent de leur pouvoir, ceux qui tirent la couverture à eux, ceux qui ne pensent pas aux autres. J’étais triste à l’idée de transmettre cette réalité à mes enfants, triste de mon sentiment d’impuissance, triste de me sentir si seule. Je fuyais la réalité si décevante et je rêvais d’un possible demain plus lumineux, plus harmonieux. Je me blottissais dans ce paradis projeté et j’essayais d’y rester le plus longtemps possible, mais toujours la réalité finissais pas réapparaître et m’ensevelissais sous sa lourdeur.

Je suis sensible, je suis idéaliste, je suis passionnée, je suis changeante, je suis curieuse et éternelle non sachante, je sens que la vie est bien plus grande que moi, je vibre à toutes les contractions du monde, je peine à trouver ma place, je doute et m’émerveille la seconde d’après… Je cherche à créer, inventer, imaginer un demain commun où ces remous seraient juste des signes de vie et des occasions de se relier et se soutenir dans tout ce qu’on ne peut traverser aussi intensément seule !